Ca n'arrive qu'aux autres, ce genre de catastrophe !
Billet court, et pas rigolo DU TOUT.
On lit le journal, on entend à la radio, parfois on voit à la télé : maisons brûlées, plusieurs centaines de tonnes de foin parties en fumée... Ca n'arrive qu'aux autres ; à ceux qu'on ne connaît pas, on en est protégés, cachés de l'autre côté de notre média.
Parfois, une ferme, plus de stock de fourrage, bêtes sauvées in extremis, pompiers héroïques.
Et les circonstances "agravantes" : vent qui souffle et attise, eau qui gèle..
Ca n'arrive qu'aux autres, ça ne peut pas nous arriver à nous, ni à des proches, des gens qu'on connaît.
Ma voiture rouge est grise de cendres, la neige est noire, tout autour de la maison.
Deuxième jour dans un décor de cauchemar, bâtiment d'élevage épargné, du bon côté du vent.
Trouver comment se blinder, pas des évènements, mais de soi, arriver à se verrouiller pour ne rien laisser transparaitre. C'est pas moi qui ai besoin d'aide et de soutien, c'est eux.
Cheveux, vêtements qui sentent la fumée, cotoyer ces "survivants", avoir peur pour certains d'entre eux.
Et arriver à dormir, le soir, faire taire le magnéto, couper la lumière, faire abstraction des images d'horreur qui tournent, la fumée, le vent, le noir, les poutres cassées. Leurs yeux, leurs regards.
Finalement, arriver à sombrer, pour passer la nuit à se retourner dans son lit, à rêver, revivre cette journée et plus encore.
Au réveil, café, s'habiller, et y retourner. Pour eux. Pour les vaches.
Finalement, le malheur se rapproche très vite, quand il a trouvé la porte. Ca n'arrive pas forcément qu'aux autres. Et ça fait un mal de chien.