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La Vachère d'A Côté
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28 mai 2011

Les yeux de mon chien

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Je voudrais parler cette fois-ci de mon compagnon du quotidien, le plus fidèle, qui ne part pas bosser dans des centres de vacances pourris super loin de moi, celui avec qui je ne m'engueule jamais (enfin, si, ça arrive ; mais en général c'est moi qui braille), celui qui en sait plus long sur moi que tout mon entourage réuni, qui rit quand je suis heureuse ou ai la tête légère, et qui pleure et gémit quand j'ai du vague à l'âme. 

Celui qui arrive aussi à exprimer mes sentiments quand ce n'est pas décent pour moi de le faire ; mon ombre, à vrai dire. 

 

Mon chien. 

 

Ben ouais. 

 

Le Monstre, qui est très con quand il s'y met (le "mais qu'il est con ce chien !!!!" qui résonne plusieurs dizaines de fois par jour n'étonne que la première journée ; après, ça devient un sujet à plaisanterie, mais le premier qui se permet de me répéter risque mes foudres....), qui partage ma vie à temps plein depuis le 18 octobre 2009 est devenu à proprement parler mon ombre. 

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Où je suis, il est ; on a développé une habitude l'un de l'autre, qui fait que je ne marche jamais dessus (sauf quand il est en train de penser à autre chose, genre sentir le cul de la chienne du voisin, et que moi j'ai la tête ailleurs). 

On est pareil sur beaucoup de choses : autant je ne pense que rarement à ce que je fais (pas équipée pour....) surtout quand c'est du "courant" (clôturer, traire, etc etc etc), autant lui est capable de ne pas voir/entendre la voiture, le camion ou le tracteur qui lui arrive droit dessus, même si le véhicule klaxonne depuis 100m. Ca me coûte quelques frayeurs, d'ailleurs, quand on longe la nationale à pieds pour aller manger le midi au restau du rond-point... 


Tous les deux pas je suis obligée de le rappeler à l'ordre, sinon il regarde à droite, à gauche, en l'air, partout sauf devant lui, et dévie sur la route. 

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En ville, tous les deux, on est terribles ! soit je l'attache, et dans ce cas, c'est "tu tires, je stoppe, je tire, tu stoppes", parce qu'il a senti une odeur sur un truc et s'arrête net, ou parce que je plante devant une vitrine ou un truc et lui continue...  

Mais je ne l'attache plus que rarement, le Monstre a la maîtrise de la campagne comme de la ville. Le problème, c'est que je traverse sans regarder, et lui c'est pareil. Sinon, c'est vachement classe, il marche à mon pied ou sur mes talons, quand on rentre dans une boutique, soit il reste assis ou couché devant si les chiens ne sont pas admis, soit il rentre avec moi et se couche à mes pieds en attendant mon tour à la caisse. Super bien élevé pour ça ! 

Au restau, pareil ! Autant ma première rate, que j'avais toujours sur l'épaule ou dans la capuche, aimait jeter les croûtons de pain que je lui donnais sur les voisins et dans leurs assiettes, autant le Monstre reste couché sagement à mes pieds, sous la table ou à côté.  

Quand on rentre dans un bar, idem, il se couche sous mon siège et ne bouge plus. Ne lève même pas les yeux si je vais aux toilettes en laissant mon sac à main et mes affaires, par contre, si on bouge pour sortir ou s'installer à une table, je ne prends même plus la peine de regarder s'il me suit : je le sais. 

 

Il est TOUJOURS sur mes talons, attend mon autorisation pour monter dans un tracteur ou une voiture (sauf si c'est une voiture type C15 ou express et que j'ouvre la porte, en général il s'installe direct), et sait se poser sans gêner, dans la cabine du tracteur ou derrière moi sur le quad. 

 

A part situations spéciales, où il ne doit pas bouger ("tu restes là tu bouges pas je reviens"), il sait s'il faut descendre (aller chercher les vaches, on fait une clôture, avec le quad on est arrivés dans le pré) ou rester où il est (j'ouvre simplement une porte de parc, atèle un truc, vais chercher quelque chose....). Sans que je lui dise rien. 


 

Photos-0364 Photos-0392Il sait aussi quand il peut se permettre de me monter sur les genoux (dans le John Deere quand on avance de 30m toutes les dix minutes) et où est sa place : debout ou assis devant la porte quand on est que tous les deux dans les Fendt, couché sur le côté du siège dans le John, derrière le siège dans les vieux Renault, sous les jambes, derrière les pédales, quand on est deux ou trois humains dans un tracteur... Il comprend "derrière" "dessous" "devant", mais aussi "monte dans l'autre tracteur", "on prend la voiture", "va dans le coffre"… 

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Tout ça pour dire que je l'ai vraiment TOUJOURS avec moi. 

Dans un rayon de cinq mètres.  

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Les rares fois où je ne l'ai pas, je suis pas bien, il me manque un bout de moi, j'ai perdu mon ombre. Je cherche, inconsciemment ; il me manque quelqu'un à qui parler, un regard posé sur moi. 

 

Quand je me vautre de façon bien ridicule, il est là, qui sourit, pas pour se moquer mais parce que ça le fait rire de me voir rigoler de ma bêtise et mon étourderie. 

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Quand je me fais très mal, il est là, à me regarder tourner, sauter, ou me plier en plusieurs en hurlant, jurant, gémissant... au choix. Et quand la grosse vague de douleur passe, il vient faire un câlin. 

 

Quand j'en chie pour manœuvrer, atteler, faire un truc, il est là, avec son regard confiant, l'air de dire "boarf.... je te connais, tu vas y arriver". 

Quand je crise parce que je n'arrive pas à quelque chose, il se planque un peu, secoue la queue discrètement, et quand je lui dis "c'est pas ta faute" il est tout content, me fait son sourire, et en général j'arrive assez rapidement à ce que je veux. 

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Quand on croise quelqu'un que j'apprécie, il fait des fêtes, content, avec son sourire. Même si je reste, moi, discrète, il exprime ma joie de rencontrer la personne. 

Si c'est quelqu'un que j'aime pas trop, il se hérisse, refuse de se laisser toucher. 

 

 

Ses oreilles douces me sont autant de réconfort que mon doudou quand j'étais petite ; les faire glisser entre mes doigts, ça me détend, mais à un point !!! 

 

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Et ses regards...  

L'expression "il ne lui manque que la parole", elle me plait pas, et ne lui convient pas. La parole, on n'en a pas besoin, lui et moi. 

 

On se regarde, et puis voilà.  

 

Quand il me regarde pas dans les yeux, je sais qu'il a fait une connerie, et qu'il le savait. En général, je râle, gueule un peu, mais bon.... il le sait déjà, qu'il avait pas le droit (et de plus en plus je cherche même plus à savoir quelle connerie c'était). 

Quand il vient, avec son sourire, mais un peu trop exubérant pour être honnête, pareil. Je le connais trop bien. 

 

Mais sinon... 

 

Les moments que je préfère, c'est quand on travaille, en tête à tête ; qu'on fait des clôtures, du tracteur, ou simplement quand on rentre à la maison le soir. 

Quand on fait de la route tous les deux, lui sur le siège passager (je sais, c'est pas bien et même illégal il me semble, mais bon...), et qu'on se regarde de temps en temps. 

 

Je ne pensais pas voir autant d'amour, pur et simple, dans les yeux d'un chien, fût-ce le mien.  

Ses regards sont d'une douceur incroyable, c'est bête à dire, mais sa confiance et son amour me donnent une énergie hors norme. 

 

C'est complètement farfelu, mais je sens ses "douleurs" (qu'il marche sur un fil de clôture par exemple, ou prend le jus d'une manière ou d'une autre...), quand il a une plaie quelque part... ça me tire au même endroit. 

Le plus flagrant a été cet été, il avait été shooté par une voiture sur la ferme, personne ne me l'avait dit... En fin d'après midi, pendant la traite. 

Le soir, je me déshabille pour la douche, ça me lançait bizarrement dans l'épaule droite, ça brûlait/piquait, pas comme ma tendinite habituelle.  Dans le miroir, j'avais comme une trace blanche d'une vingtaine de centimètres. Sans plus y réfléchir, je me lave, et me pose un moment sur le PC. le chien est venu se faire câliner (déjà bizarre, d'habitude il se couche et pionce), et j'ai découvert une plaie sur l'épaule. Le lendemain, chez le véto (là le chien avait vraiment trop mal, il hurlait de douleur au moindre mouvement), on s'est rendu compte qu'il était abimé sur une vingtaine de centimètre, il a fallu tout recoudre... :( 

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Ca en fait rigoler certains, quand le chien prend le jus ou se bouffe un arbre (parce qu'il regarde ailleurs) et que je gueule en même temps. 

 

 

Il paraît d'ailleurs qu'on a le même air bête, et les mêmes glapissements de douleur quand on touche un fil électrique... 

 

 

 

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Commentaires
L
"va dans le coffre" spécial tes ordres parfois, maintenant je comprend, mais à une époque...<br /> "Il paraît d'ailleurs qu'on a le même air bête, et les mêmes glapissements de douleur quand on touche un fil électrique"<br /> XD Oh non c'est pas possible, my god ça crain :p<br /> Tel maître tel chien? Bon bah en tout cas, quand je repense à l'article où tu exprimais son abscence, enfin, le manque d'un chien dans ton métier, heureusement qu'il est là.
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F
Et voilà ! je pleurniche..et tous les fidèles compagnons que j'ai eu défilent en ma mémoire..<br /> Une belle tronche de chien et une belle tranche de vie si bien décrite..
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M
J'ai un chien, un chat et un cheval et je vis avec chacun d'entre eux des choses différentes mais tellement sincères. Je n'ose même pas penser au jour où ils partiront. Mon cheval a 22 ans, mon chien, 11 et mon chat, encore jeune n'a que 6 ans.<br /> Profitez-en bien
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M
Vachère, cette osmose c'est un bonheur de la vie que ne peuvent pas comprendre ceux qui n'ont jamais eu un chien à eux comme compagnon.
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P
Rien que de lire je l'aime ton chien!
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