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La Vachère d'A Côté
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18 juin 2011

Agriculteur, ça rime avec sans cœur ?

J’ai souvent entendu (ou lu) que les agriculteurs sont obsédés par l’argent, qu’ils n’en ont rien à foutre de leurs bêtes, voire, pour les plus extrémistes de mes interlocuteurs (principalement des vegans, pour ne citer qu’eux ; mais je « connais » des vegans qui sont moins cons que la majorité qui traine sur le web) qu’ils n’ont aucun respect pour leurs animaux et les frappent régulièrement.

 

Pour ceux que ça intéresse, je peux trouver les Grandes Sources Ultrafiables et Inattaquables de ces tarés sans problèmes.

 

Ces gens-là, à mes témoignages, répondront « ouais, mais toi, c’est l’exception qui confirme la règle », et gnagnagna…

 

Seulement, quand je vois un éleveur de vaches à viande appeler des voisins pour qu’ils l’aident à redresser sur son séant une vache malade qui est étalée devant son bâtiment et les remercier, puis vérifier que personne ne le voit, et peigner tendrement le chignon en bataille, caresser les joues, chasser les graviers, la terre, les saloperies accrochés aux poils, et chuchoter à l’oreille de sa vache, moi, ça me fait comme une boule dans le ventre et la gorge.

 

Quand j’entends un vieux se foutre de moi parce que j’ai une affection particulière pour une de ses bêtes, quand il me dit « c’est qu’une vache », et que je l’entends par la suite caresser et féliciter, réconforter une de ses vaches qui a eu un vêlage difficile… « c’est bien ma Reine, t’es une bonne fille, tu m’as fait un joli veau, t’es brave, une gentille vache »…

 

Quand un vieux célibataire très ours me laisse me démerder et en chier pour attacher ses 35 vaches abondance cornues dans l’étable, en « hollandaise », chacune à leur place, alors que je ne connais pas le troupeau, je râle. Mais si je suis toute seule parce qu’il est au milieu de sa cour, devant la rue (qui circule pas mal, surtout à cette heure, 16h30), en train de faire, sans gène ni pudeur, un câlin à une de ses vaches qui est venue fourrer sa grosse tête dans les bras, yeux fermés… J’attache de bon cœur.

 

Quand un agriculteur me voit « bailler aux corneilles » pendant la traite, qu’il assume tout seul les deux quais de la salle de traite, parce que j’admire une vache qui dort dans une logette juste en face, et me dit simplement « des fois elles rêvent… on les voit qui bougent, tressaillent… comme les chiens quand ils dorment », j’ai les larmes aux yeux.

Ca veut dire que cet homme a passé suffisamment de temps à observer ses 49 vaches quand elles dorment pour arriver à voir qu’elles rêvent… Ce à quoi j’ai assisté une fois.

 

Quand je les vois insister doucement pour que le veau accepte enfin de manger, y passer trois, quatre heures dans la journée, essayer de lui faire boire quelques gorgées, y revenir plusieurs fois dans la journée…

 

Quand je vois le plaisir que ça leur procure quand, plus d’un an après ma seule « mission » chez eux, je me souviens des noms des vaches…

 

Quand je les vois jouer avec leurs bêtes, leurs chiens, s’amuser à appeler leurs veaux, génisses, vaches par leur nom pour qu’elles y répondent ou tournent la tête vers eux…

 

Quand je les vois repousser l’échéance, quand une vieille n’a pas retenu, qu’il réessayent, encore, encore, croisant les doigts pour que ça marche avec le taureau, trouver des excuses pour les garder encore quelques mois… « C’était une super vache », « elle m’a toujours fait des génisses top, tiens d’ailleurs celle-ci c’est une de ses filles », « elle a été malade, je vais la retaper avant de la vendre… »

 

Quand je les vois devenir fous furieux face à une vache tellement malade qu’elle ne se lève plus, la frapper à coups de bâtons, la piquer à la fourche, lui foutre des claques dans la tête, l’électriser avec le tazer, tout en gueulant, jurant, braillant… puis tomber accroupis ou à genoux à sa tête, murmurer, câliner, « allez caribou, faut te lever, tu peux pas rester là comme ça, allez ma belle, courage, essaye encore s’il te plait, je vais devoir te tirer au tracteur sinon, tu vas pas aimer…. Allez, lève toi…»

 

Quand, lorsqu’ils ont une vache ou un veau malade ou crevé, je les entends hurler, tempêter, voir taper sur cette saloperie de putain de machine qui n’a rien de mieux à foutre que de le faire chier aujourd’hui, quand le tracteur démarre pas, qu’une corde est restée coincée à un angle de porte, ou parce que le bocal pour le produit de lavage de la machine à traire ne veut pas se visser du premier coup…

 

 

Quand je les vois tous comme ça, les uns, les autres… Que je les vois vivre et travailler avec leurs vaches, je me dis que si, ils les aiment.

 

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Commentaires
J
bouhou tu m' as encore fait chialer ...
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A
voilà l'adresse de mon blog si ça t'interesse,ou clic annick ou abondance chez fusette
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S
"bayer aux corneilles", mais bon...
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A
bonjour je suis une amie de Fusette accroc des vaches et qui les aime!!bien sûr,je me régale de tes textes,Fusette m'avait recommandé de passer chez toi,merci j'ai bu du petit lait,continu j'aodre,à bientôt Abondance
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