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La Vachère d'A Côté
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16 mai 2011

Les foins, et les monstres mécaniques (électroniques ? )

Ca y est, ça a démarré.  

Pour de bon ! 

Avec pas mal d'avance, on a foiné. Commencé en tout cas. 

 

Samedi, dans la journée, avant de rendre ma ferme, j'ai téléphoné au Grand Manitou pour lui demander si mardi je travaille, parce que j'avais un truc de prévu. J'étais sensée prendre quelques jours, j'ai un mois de RTT à prendre... Réponse positive, oui, je dois être lundi chez Madame Chéchette, enceinte jusqu'aux dents, césarienne programmée pour le 25. 

Et merde. 

 

Je téléphone dimanche, elle me situe la ferme : je connais, je suis passée très très souvent devant. Quand je le dis à BobineLover, il râle, il passe deux fois par jour devant quand il va chez Monsieur Violette, où il est presque à mi-temps, et cette ferme lui fait de l'œil depuis longtemps (j'ai pas trop compris pourquoi d'ailleurs, mais c'est pas grave). 

Rendez-vous à 8h dans la cour. 

 

Je rencontre une petite jeune femme, toute mince, petite, en tongs, avec un gros ventre, et des cheveux coupés très courts rouge-violets.  

Elle a l'air très sympa, super énergique, et commence à me donner les consignes : sortir les vaches, aller chercher le tonneau d'eau, le mettre à remplir, nettoyer l'étable et préparer pour ce soir, agrandir le pré des vaches (on leur donne "au fil" pour qu'elles ne gaspillent pas l'herbe), puis emmener le tonneau plein, passer les vaches dans leur pré de l'autre côté de la route.... 

 

On cherche un tracteur disponible, il y a un Renault Ares (avec le pare-brise cassé), un Fendt Vario 311 (avec le pare-brise arrière absent, cassé et disparu), un Fendt Vario 712 (que je vais utiliser : la porte gauche est pu là), et un Fendt Vario 716 TMS, je sais pas s'il manque quelque chose, je l'ai pas conduit. 

 

Pour accéder au 712, je suis la patronne : on escalade un tas de brisures de bois, trois ou quatre balles rondes, et ensuite elle grimpe dans le tracteur, le démarre et me montre comment ça marche (en gros). C'est une horreur, on se croirait dans un vaisseau spatial ! 

Elle conduit jusque de l'autre côté du bâtiment, elle passe tout juste derrière le volant avec son ventre.... un peu plus tard je la verrai passer en quad.... O_O  

 

Je commence donc la journée sur les chapeaux de roues : arrivée à la tonne à eau, problème : la béquille est par terre, timon au sol, faut relever la tonne avant d'atteler. Je remonte dans la cabine, recule le tracteur en position, farfouille et trouve une sangle. Je la passe sous le timon, l'accroche aux bras du relevage, et là, premier problème. Comment je relève cette saloperie ??? 

J'appuie sur les boutons, ça marche pas. 

Je recommence, appuie sur un peu tous les boutons et voyants, et d'un coup, bingo ! ça marche ! 

Je finis par atteler ma tonne, manœuvre, et remonte à la ferme mettre le tonneau à remplir. 

 

Je détache les vaches, racle l'étable, descends agrandir le pré, et un gamin (14 ans) arrive avec mon tonneau et mon tracteur. Tant mieux ! On passe les vaches, remonte, attèle la bétaillère ce coup-ci, une vache a vêlé au pré assez loin, faut ramener la mère et le veau.  

J'irai avec le patron, on courra un moment après la vache... 

 

Tout ça fini, je rentre manger, mon compagnon m'a préparé un repas.... Le pied ! 

Retour à la ferme deux heures plus tard, je ne vois personne. Avant que je parte le patron m'avait montré comment marche le 311, avec l'andaineur, et montré les parcelles à finir. Toute contente, je vais foiner !!! 

Avant de partir, j'avais pensé au nécessaire : sac, avec une bouteille d'eau, des barres de céréales, un bouquin (au cas où, j'ai TOUJOURS au moins deux ou trois livres dans mes sacs, poches....). Je vais escalader mon tracteur, la  clim est réglée, pas hyper utile, le pare brise en moins... Elle arrivera quand même à me faire saigner du nez. 

Je m'installe, démarre le monstre, rerègle la hauteur des "soleils", (c'est un que j'ai jamais utilisé, y'a deux soleils, qui font un andain central, et le bordel est trainé, pas porté comme ceux que je connaissais), la vitesse des tours moteur, monte le son de la radio (NRJ.... blêêêêêh ! mais c'est pas mes machines, je vais commencer à foutre mon bazar dès le premier jour ! ) et je démarre. Deux tours simples pour prendre les bêtes en main, et je file sur la parcelle suivante, assez biscornue et avec un pylone en plein mitan... 

Je vais y passer un bon moment, ça fait au moins un an que j'ai pas andainé, et jamais avec cet outil, et jamais avec ce tracteur, que j'avais conduit sur route une seule fois !!! 

 

Finalement, parcelles finies, je suis DEGUEULASSE, mon tatouage sur l'omoplate est presque invisible sous la crasse et la poussière ! J'essaye vaguement de refermer l'andaineur, mais préfère abandonner, j'aime autant ne rien casser, je rentre à  pieds ! la ferme est à 50m. 

 

Je rentre les vaches, la patronne m'aide à les attacher, m'explique qu'elles ont leurs places, que le numéro d'oreille est noté. Elle me dit comment traire qui, comment nourrir les veaux etc.... La machine à traire, c'est bon, je connais, les griffes pour traire c'est un peu spécial, mais ça va vite. 

J'ai 30 vaches, 6 machines !!! Ca va très très vite. Mais ici, on ne lave pas les mamelles avant, et on ne trempe pas après. Donc, tout ça de gagné. J'ai une vache au pot (la fraîche vêlée), et deux (Anguille et Odessa) au séparateur, elles ont une mamite sur un quartier. 

Le premier soir sera un peu laborieux... 

Le mercredi les choses vont commencer sérieusement. Après la traite (j'arrive à 5h45 à la ferme), et le topo habituel (sortir les vaches, nettoyer, agrandir le pré, mettre l'eau etc....) je grimpe sur le 311, avec la pirouette (la 8 toupies) accrochée derrière. La patronne m'a montré les parcelles en voiture. Deux de luzerne, à brasser doucement pour pas perdre la feuille, et deux hyper grandes et biscornues merdiques. 

 

J'en chie un peu, je ne vois pas le temps passer. Radio toujours en route, échange de sms avec les collègues, quand je leur parle du parc de machine ils sont verts. Je comprends pas trop, les Vario, j'ai vraiment du mal. D'ailleurs ça a été assez épique aussi pour démarrer, trouver et piger le relevage, la prise de force, les hydroliques, j'ai dû passer vingt minutes à arriver à comprendre. 

 

Je tourne, tourne, tourne... 

 

12h45, je suis presque rentrée à la ferme, coup de téléphone de mon mâle dominant : "ben je viens aux nouvelles, pas eu un seul signe de vie depuis ce matin....". Et merde.... il est grinche, et c'est compréhensible. Pourtant, il sait bien que les périodes de foins, c'est tendu niveau horaires, et tout ça... J'arrive à la maison vers 13h05, il m'a préparé une super méga salade ! je dois repartir pour 14h, j'ai 15min de route. J'arrive à la bourre, tant pis.  

 

On me colle sur l'andaineur, direct en arrivant : je refais les mêmes parcelles que le matin ! 

Encore une fois, c'est le même  andaineur, mais sur le 712 ce coup ci. La galère..... Tout ça à apprendre toute seule, comment débloquer le relevage, la prise de force, les hydroliques... AAAAAAAAAAAAAAAAARGH !!! 

Finalement je tourne, mais pour les manœuvres j'en chie aussi, l'inverseur au volant est HS, et on m'a rien dit : du coup je dois "rétrograder" au joystick à chaque fois que je veux reculer, c'est chiant, long, je perds du temps. 

Quand je pique ma énième crise à propos de "ces fuckings tracteurs bordel c'est pas possible peuvent pas avoir une épave bien vieille pour moi, ça irait mieux, j'en ai marre j'aime pas le modernisme en plus les trucs électroniques je les fais un peu tilter la moitié du temps" auprès de BobineLover, il reste calme, me charrie un peu (mais pas trop) et m'explique que si au lieu de pousser ou tirer le joystick, je le bascule à droite ou à gauche, ça inverse pareil que l'inverseur, je le bénis. je gagne un temps pas possible, et en fluidité, du bonheur ! 

J'en suis à) la première parcelle de luzerne le boss me dit d'aller faire la dernière, la grande. La luzerne, ils botelleront, là ils ramassent en vrac. 

Donc, j'arrête mon bordel, je déménage, et je tourne. J'ai presque fini quand le patron arrive en quad : je lui laisse le tracteur, je rentre à la ferme avec le quad, rentrer les vaches et traire. 

La classe ! 

 

Après la traite, ils se démerdent sans moi, je rentre à la maison. 

Cassée, sur les nerfs  à cause de la tension provoquée par ces saloperies de machines, et crevée. 

 

Dans l'après midi, le "logeur" de mon dragon de joute m'a téléphoné pour me dire qu'elle boîte. 

Du coup je reste "en tension", mange (le repas était tout près, j'ai un homme parfait !!!), et repars, avec un saladier d'argile pour le membre touché, le licol, et une appréhension légère : pourquoi elle boîte ma jument ? Le lendemain elle est sensée être emmenée en Isère pour un entrainement de joute le week-end.... 

21h30, moteur tournant, pleins phares, je me gare devant le pré, et vais chercher le monstre. Elle a l'air bien, pas trop souffrante. Quand je la fais avancer, par contre, elle ne pose pas le pied.... 

 

Je l'amène devant la voiture, palpe le membre sur toute la hauteur, trouve un engorgement au niveau du boulet. Bon, ça va aller, on tartine bien d'argile, elle a dû faire la con dans son pré... 

Gros câlin au dragon (ma sœur qui trouve qu'elle ressemble à un dragon, quand elle charge au galop elle fait peur et elle ronfle), puis je la relâche. Re câlin, et retour à la maison. 

 

Je m'écroule enfin sur le canapé, et fonds en larmes. Quelle journée à la con ! 

 

Nouvelle engueulade avec le Mâle : mon métier est trop dur, je tombe en morceaux, je suis crevée épuisée quand je rentre, j'ai déjà un doigt en moins et le dos bousillé, des tendinites partout, et puis des horaires à la con, en plus c'est dangereux... Et de mon côté, je lui dis que c'est MON métier, que je ne peux faire que ça, que je suis claquée mais heureuse, et que s'il continue je rentre plus le midi, je mange au restau pas loin de la ferme, je gagnerai ça en temps, en gasoil, et en tension ! 

 

C'est soft encore, c'est le genre de disputes qu'on a presque quotidiennement... 

J'aime les foins, même si j'y perds du poids, et m'use les nerfs. Comme je l'ai dit plus tôt, quand il faut faire les bords avec la pirouette ou l'andaineur, guetter les pierres, plaques et autres saloperies, etc.... 

On doit faire vite quand ça menace, et en plus des machines j'ai les vaches à gérer. Sur cette ferme, je suis vraiment très indépendante.  

 

Mais j'aime sentir la fatigue qui m'assomme d'un coup quand je relâche la pression le soir, ricaner bêtement  quand je me lave et que l'eau coule noire, qu'il y a une ligne de crasse tout le long du bac de douche ou de la baignoire, quand le premier contact de l'eau le soir est presque jouissif : tant de douceur sur la peau chauffée, irritée, crassée... 

J'aime mes heures à tourner en tracteur, quand on se "connaît" de mieux en mieux avec la machine, que j'arrête de réfléchir, la radio qui occupe et fait une présence (même si c'est NRJ, je préfère quand même France Inter), les heures de tranquillité... 

La chaleur, les buses  qui tournent au dessus du tracteur, le soleil... 

 

Mais cette année, les foins sont amers : il n'y a pas assez d'herbe, c'est trop tôt, et on redoute la sécheresse.... 


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Commentaires
L
Décidément, dans cet environnement et ce métier, les personnes ont beaucoup beaucoup beaucoup d'énergie à revendre 0_0°<br /> J'aime bien la comparaison avec un vaisseau spacial XD Tu es toujours très clair quand tu t'exprimes ^_^<br /> "au moins un an que j'ai pas andainé, et jamais avec cet outil, et jamais avec ce tracteur, que j'avais conduit sur route une seule fois !!! " Décidément il faut l'esprit vif toujours prêt à apprendre et réappendre -_-° Tes capacités d'adaptation (qui doivent t'être vitales) sont assez impressionnantes =X<br /> "mon tatouage sur l'omoplate" L'oiseau?<br /> " coup de téléphone de mon mâle dominant" XD Tes expressions tuent =') Mais c'ets une sur-utilisation du téléphone quand même je trouve, tu dois avoir droit à beaucoup de SMS dans ton forfait.<br /> "Je m'écroule enfin sur le canapé, et fonds en larmes. Quelle journée à la con !" Meême les titans sont humaibs alors °x° ... Courage. Je suis désolée pour toi. C'est vraiment vachement dur quand même ton rythme de vie, très dur.<br /> "Nouvelle engueulade avec le Mâle : mon métier est trop dur" =/ J'aurais dû lire la suite avant d'écrire ma phrase précédente. C'est peut-être aussi que je commence à voir où tu veux ne venir, que je " m'habitue" à ton style *v*<br /> En tout cas bon courage pour la suite, de ton blog, de ton job, de tout quoi ^_^<br /> J'aime beaucoup tes récits, très contente que tu partages ton univers comme ça! Merci!<br /> L'article précédent je n'avais pas vu les photos la denrière fois, elles ne s'étaient pas affichées chez moi. C'est plus sympa en image, je l'ai relu du coup... Toujours aussi ... ... dur.
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