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La Vachère d'A Côté
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30 mars 2014

Le sevrage, période-clé

Photos-0084

Comme je l'ai déjà dit ici, j'ai beaucoup de mal avec les veaux.
En fait, c'est surtout quand j'en ai beaucoup, avec qui je n'ai pas particulièrement de liens, ni avec les mères.

Mon point de vue a changé chez Monsieur Violette.

Comme il me l'a dit (et mis en évidence, surtout), le sevrage est le moment le plus important de la vie d'un veau, et surtout de sa relation avec l'éleveur.

A ce moment, le veau a déjà eu au moins deux traumatismes : celui de la naissance, qui n'est pas toujours facile, et celui de la séparation avec sa mère, qui survient très rapidement dans la foulée.
D'une il passe de son milieu liquide, de la matrice, à l'air libre, mais en plus il est brutalement coupé de sa mère qui sait lui parler, le réconforter, le réchauffer... pour se retrouver face à un truc bizarre, à deux pattes, qui le nourrit avec un machin pas forcément très attirant.

Petit à petit, le veau va prendre le deux-pattes comme référent, même s'il n'accourt pas quand il appelle...

Dans la plupart des situations, il acceptera le contact, mais ce n'est pas systématique.

Puis, le sevrage. Après ces perturbations, il va se retrouver, plus ou moins brutalement, privé de lait. Et de contacts bi-quotidiens avec l'humain.


Dans le pire des cas que j'ai croisé, l'agriculteur sèvre vers deux mois ; les veaux sont nourris aux seaux et avec la tétine automatique, au cornadis. Le jour du sevrage, sans avoir réduit le lait au préalable, il les écorne. A vif.
Le traumatisme de la douleur, associé au cornadis, plus la douleur elle-même, vont les empêcher de revenir au cornadis tout de suite, et leur couper l'appétit. Sevrage effectué.
Avec cette méthode, je me suis retrouvée face à des génisses cinglées, qui font le manège infernal quand on paille ou met un pied dans la case, et essayent d'arracher le cornadis quand elles mangent et qu'on passe devant.

Avec l'âge, elles se calment un peu (ou pas).


Dans la plupart des cas, le sevrage s'effectue en quelques jours, une ou deux semaines, où le lait est réduit progressivement, une buvée supprimée, puis l'autre.
Les contacts avec l'humain sont là aussi plus rares, et le veau va se retrouver une fois de plus seul, plus ou moins en détresse, parachuté dans ce monde merdique.
Les contacts seront plus brefs, le veau va se détacher de son référent humain, devenir indépendant... Et parfois farouche.


Chez Monsieur Violette, c'est l'inverse qui se produit : le sevrage dure plusieurs mois, finalement.
De 8L de lait par jour, (4 par buvée), on va réduire progressivement une buvée, demi-litre par demi-litre, ou éventuellement litre par litre (quand on s'y prend tard). Au rythme d'une semaine par dose. Ce qui donne déjà un mois rien que pour supprimer une buvée.
Ensuite, pendant une ou deux semaines, il aura 4L le matin, et le soir des "floconnés de sevrage". Ces floconnés, auxquels il avait accès (ainsi qu'au fourrage) depuis le début, seront donnés le soir, en même temps qu'un seau d'eau, et le lait des veaux plus jeunes. On commencera par la même occasion à accentuer les contacts et manipulations. Même si avant on les caressait régulièrement, en passant, en donnant la buvée... Le repas du soir sera accompagné de câlins, caresses, frottages... Et encore plus après son repas.
Quand on commence à réduire le lait du matin, de 4L à 3,5L, on donne à peu près deux boîtes de floconnés. Plus on réduit, plus on augmente la part d'aliment VL. Donc on donne deux boîtes de floconnés, et une demie de VL.
Quand on passe à trois litres, c'est une et quart pour trois quarts, etc.

Et, toujours, de plus en plus de papouilles, bisous, câlins, gratouilles...

De cette manière le veau ne se sent pas "abandonné", et se repose de plus en plus sur nous, développe son attachement et sa confiance.

Photos-0085



Bon.

J'avoue, ça n'a pas que des avantages, comme je l'ai déjà démontré avec Aphrodite et sa lignée (Eurydice, Hypathie... et maintenant Iris, qui devient pire que les autres), ou Hymette (qui gueulait dès qu'elle m'entendait passer, pour avoir des câlins et qui ne me décoince pas).

Mais, comme je l'ai démontré aussi dans le dernier article, ça simplifie grandement la vie !



Photos : Junon (qui a été bouclée depuis !)

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Commentaires
C
Je vous remercie pour cet article très intéressant.
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D
Ce doit être assez traumatisant effectivement de les écorner au moment du sevrage!<br /> <br /> Le fils écorne les veaux et velles rapidement après la naissance avec un crayon. Apparemment sans problèmes.<br /> <br /> Mais comme c'est un élevage de vaches allaitantes, on n'a pas le problème de sevrage, uniquement pour les velles que l'on garde pour l'élevage et que l'on sépare assez tard (à plus de 6 mois). Les autres sont des veaux sous la mère qui tètent leur mère jusqu'au départ pour l'abattoir. Encore un traumatisme, mais c'est une autre problématique!!
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M
Oui, parfois, certains agriculteurs sont vraiment brutaux. Ils considère le bétail comme des objets sans affect. J'ai du mal à supporter ça. Ce n'est pas parce qu'on les mange qu'on ne doit pas les respecter et avoir un minimum de compassion!
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