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La Vachère d'A Côté
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21 novembre 2012

Bienvenue chez nous !

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Pour ma part, l'arrivée/l'entrée d'une nouvelle vache dans le troupeau des laitières est toujours un évènement qui me touche, un "truc" important.

 

Que ce soie une vache tarie qui a vêlé et qu'on remêle au troupeau de laitières, une génisse qui vient de mettre bas, ou une vache ou génisse déjà vêlée que le maquignon vient de nous livrer.

 

Déjà, il faut garder un oeil dessus, pour qu'elle se ne fasse pas trop malmener par les autres, quand elle prend sa place au sein de la hiérarchie.

Les premiers temps, je leur passe beaucoup de choses : il faut qu'elle se fasse au changement, qu'elle prenne ses marques.

Se fasse aux horaires, à mes habitudes.

 

Quand c'est une que le maquignon a amenée, ou une génisse, c'est encore plus délicat : il faut la faire passer à la traite, l'habituer aux structures.

 

Parfois, c'est une qui vient d'une salle de traite en épi qu'il faut passer en TPA. Ca demande beaucoup de tact, pour l'obliger/l'inciter à s'installer, sans pour autant la braquer : une vache qu'on rate la première fois dans ce genre de cas deviendra presque à coup sûr intrayable correctement, et ça sera la croix et la bannière pour la faire passer.

Inversement, une vache de TPA qui passe en épi, il faudra lui expliquer comment s'installer.

Dans les deux cas, c'est plus judicieux de la passer en milieu de lot, pour qu'elle aie les précédentes en modèles qui "donnent la forme", et les dernières qui la coincent.

En plus de ça, ça évite qu'elle se tortille, donc dans l'idéal : en milieu de lot et en milieu de traite. 

 

Les premiers temps, on reste chacune sur notre réserve : pas complètement farouches, mais pas hyper familières. 

Elles se laissent approcher, toucher, sans m'envoyer dans les roses, et je les touche sans trop les emmerder.

 

On s'observe, on se jauge. Je leur passe la plupart de leurs conneries, elles me pardonnent, en général, mes erreurs.

Puis, petit à petit, on se décoince l'une et l'autre.

 

Elle tente des feintes, moi je gueule.

 

Puis on devient copines, et de "nouvelle" elle devient "ancienne". 

Elle se lâche plus, moi aussi : elle me tire des mines, que je lui rends consciencieusement.

 

Quand c'est une génisse, c'est plus long. Avec les vaches ça prend une ou deux semaines, les génisses ça peut durer un à deux mois.

Elles observent énormément, elles doivent assimiler plein de choses : le bâtiment, la traite, la routine de la traite, les manipulations... 

 

Un autre point très très très important à prendre en compte quand le maquignon nous livre une vache, c'est que ça peut être utile de connaître son passé, et il faut l'observer encore plus attentivement.

Si la vache vient du même type de système (logettes, salle de traite en épi, en TPA... ou d'attaché en attaché), le plus gros problème vient des abreuvoirs, en général : elles ne savent pas toutes utiliser les abreuvoirs à palette s'il y en a, ou ceux à "boule".

Dans ces cas là, il faut remplir l'abreuvoir à ras bord, à la main, jusqu'à ce qu'elle comprenne comment ça marche. Et arrête de grimper aux murs éventuellement.

Pour ceux à boule, je ne sais pas, j'ai jamais été confrontée à la situation. Mais je pense qu'on peut enlever la boule les premiers temps.

 

Si la vache vient d'un autre système.... Là c'est emmerdant. Un peu plus du moins.

 

Si elle arrive en stabu à logettes et qu'elle vient d'une aire paillée, elle comprendra pas forcément comment marchent les logettes, et se couchera dans les couloirs.

Deux possibilités : ou c'est couloir raclé, dans ce cas là elle sera couverte de merde et chiante à laver pour traire, ce qui est un moindre mal ; ou c'est du caillebotis, et là, non seulement elle sera dégueu pleine de merde mais EN PLUS y'a des chances pour qu'elle prenne froid (dans le meilleur des cas) ou devienne vite arthritique à cause de l'exposition à l'humidité et surtout au froid de la fosse. L'hiver, c'est assez terrible...

 

Chez le Grand Manitou j'ai eu le cas : Béa, qui venait d'une aire paillée et traite en épi : elle ne se sert toujours pas des logettes, et j'ai dû lui apprendre la TPA.

Mais vu qu'elle est pas trop conne, elle a compris rapidement, et se couche à la sortie de la salle de traite. Du coup on lui lave les caillebotis, qui sont toujours nikels (c'est dans un coin sans intérêt, donc les autres n'y vont pas souvent), et elle reste propre.

 

On a aussi le cas des vaches attachées qui passent en stabu : elles s'adaptent bien plus facilement, par contre les cornadis, c'est pas forcément ça. Elles étaient attachées, mais pas forcément avec des machins bruyants du style....

 

La combinaison la plus dramatique qu'il m'aie été de voir, c'est des vaches qui venaient de stabu libre à aire paillée, avec des abreuvoirs "bacs", qui ont été amenées chez un agriculteur en attaché avec râteliers suisses et abreuvoirs à palette...

Etant donné que ce monsieur est le seul à savoir travailler, qu'il sait tout mieux que tout le monde et mieux gérer les vaches "déboussolées" que le plus roué des maquignons, elles ont eu du mal...

Pendant DEUX SEMAINES elles ne se sont pas couchées : elles ne savaient pas faire, attachées. 

Elles n'ont pas bu pendant deux jours : les abreuvoirs à palette leur étaient inconnus.

Et comble du malaise : l'immobilité forcée leur a causé des engorgements monstres dans les membres, elles ont souffert énormément. Et baissé de lait évidemment.

 

Quand je m'en occupais, aucune ne tapait ; quand c'était le patron, un ou deux pieds seulement touchaient terre...

J'ai rarement eu aussi mal au coeur, à l'amour que j'ai pour ces bêtes, qu'à cette période.

Pour fignoler les choses, il les avait mises dans la partie haute de l'écurie, donc en haut d'une marche d'au moins une cinquantaine de centimètres.... ce qui leur garantissait l'impossibilité de se coucher un peu.

 

Pour la première traite, que j'avais effectuée, le maquignon était venu voir comment ça se passait : il m'avait confié qu'il avait rarement vu quelqu'un avec autant de tact avec les bêtes.

 

Un autre souci avec les vaches de stab qui arrivent en attaché, c'est qu'elles savent rarement se tourner quand on veut passer à côté. 

Ce qui permet de vivre des grands moments d'intense solitude quand on se retrouve coincée entre deux, les pieds à dix quinze centimètres du sol, les vertèbres bien étirées et détassées, et une certaine difficulté à respirer...

 

Ca s'appelle le presse-vachère, ou plus couramment "Presse-la-dame" !!!

 

Photos : Danoise, arrivée dans le troupeau il y a cinq ou six semaines, je sais plus, qui sait très bien se coucher dans les logettes mais trouvait le couloir probablement plus frais.... Une vache qui connaît son nom, et qui est très intelligente. Elle s'est super bien adaptée.

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Commentaires
P
Le "presse-vachère"... je ne m'en lasse pas. :o))
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