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La Vachère d'A Côté
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9 juillet 2011

Racisme ordinaire

Un problème récurent en agriculture, et auquel je suis confrontée presque systématiquement, c'est le racisme.
 
C'est presque cliché, de dire "paysan raciste".
 
Mais pourtant, il y en a qui sont ouverts, qui ne sont pas racistes ! des moins cons que la moyenne ! 
C'est avec eux que j'ai des discussions passionnantes sur tout un tas de sujets fascinants, qui vont de la religion à la politique, en passant par l'ésotérisme, etc.
 
Bon, ça empêche pas que je peux parler de choses bizarres avec mes agriculteurs, même les plus racistes. J'évite simplement certains sujets.
 
Ca fait mal au cœur d'entendre parler des "gris", des "bicots", et autres "melons"… Quand eux partent dans de grands éclats de rire suite à une vanne pourrie, je fais juste un sourire crispé poli, et je réponds pas.
Je suis là pour bosser, soigner les vaches, fabriquer, pas pour faire la révolution.
 
Parfois j'essaye d'en savoir plus. Pourquoi ? Pourquoi ils parlent comme ça ?
 
Certains ont eu une vie avant la ferme, ou ont une vie "citadine", que ce soie via les marchés, une double activité, ou autre.
Je les "sens" quand même un peu, donc j'aborde le sujet. Avec d'autres, plus "ruraux", j'évite. 
En général, ils parlent comme ça parce qu'ils ont eu affaire avec des "racailles", des "crouilles", les mêmes petits connards que ceux avec lesquels j'ai fait ma scolarité, qui me bousculaient dans les couloirs et profitaient que je leur enfonce la tête dans le mur pour hurler "sale raciste" !!!
Des gens, (c'est triste à dire, il y en a de toutes les couleurs, mais les plus chiants auxquels j'ai eu à faire étaient turcs, ou maghrébins... ce qui ne m'empêchait pas de cogner aussi généreusement sur les blancs comme des culs qui avaient le malheur ou l'inconscience de venir m'emmerder) qui sont juste là pour faire chier le monde. 
Des qui sont plus racistes que les militants du FN, mais envers les "blancs", ou en règle générale ceux qui ne sont pas de leur cité ou quartier.
 
Quand on creuse, auprès des agriculteurs, ils finissent en général par dire "ok, y'en a qui sont pas pareils..."… 
Malheureusement, dans ces cas-là, c'est comme tout : faut toujours qu'il y aie une minorité qui enfonce le reste.
 
Au collège, j'avais des potes, une famille tunisienne, je sais plus combien ils étaient d'enfants, cinq je crois ; les deux filles ainées, adorables, ensuite un garçon, très gentil, qui parle beaucoup, ensuite une fille, (ma copine, on avait le même âge), puis un garçon. La maman est adorable même si elle parle mal le français, le papa était très strict, très gentil, une super famille.
 
Tous les grands sont géniaux, ont super bien bossé à l'école, ont réussi. Quand on en parle dans le pays, c'est avec respect.
 
Et y'a le dernier. Une petite pourriture, qui a mal tourné. Un salopard qui provoque gratuitement, qui emmerdait mes sœurs dans le bus, terrifiait à peu près tout le monde.
Un que je ne peux même pas cogner, il fait une tête de plus que moi, et s'il tape, c'est pour faire très mal.
Une vraie saloperie ce mec, qui fait chier le monde sans raison, gratuitement. Le désespoir de sa famille.
 
Malheureusement, y'a des chances que ça soit lui qui "stigmatise" sa famille.
 
Idem pour un qui était dans ma classe, un marocain, gentil comme tout, avec un sourire superbe, un rire communicatif. A priori, il s'en est sorti. Pas son frère aîné, qu'il idôlatrait, qui a fini en taule et banni de la commune pour affaire de mœurs...
 
 
Enfin bon.
 
La plupart n'ont jamais été vraiment "en contact" avec cette forme de vie essentiellement citadine :) Il n'empêche qu'ils ont des idées... 
 
Kamini, dans ses chansons (à commencer par Marly-Gomont) en parle pas mal.
Moi, bien que punk, écoutant pas mal de trucs "militants", étant un peu militante sur les bords (avec les bords flous), et militant surtout pour ma tranquillité, j'écoute des trucs comme Babylon Circus, Dub Incorporation, une de mes chansons préférées, c'est Porcherie, des Bérus...
Mais  je me censure quand j'écoute ma musique en salle de traite ou en fromagerie : pas toutes les chansons de Dub Inc ni de Babylon Circus, j'évite pas mal de punk trop "engagé", et je planque ma Porcherie :)
Je l'ai dit, je suis pas là pour faire la révolution, je suis déjà suffisamment sujet à changements quand je débarque, et certains ont un peu de mal au début. 
 
Etrangement, contrairement à ce que m'avait dit un de mes patrons un jour, dans ma vie d'avant le Service : "tu trouveras jamais un homme de ma génération qui t'embauchera, avec tes tatouages, tes piercings, tes cheveux trop longs et roux, et tes rats" (il avait une cinquantaine d'année, c'était en 2006-2007), c'est précisément un homme de cet âge là qui m'a fait signer mon contrat. Le Big Boss, le Grand Manitou ont à peu près le même âge, à savoir la cinquantaine passée. 
Ils savent mes opinions, mes idées, savent que j'ai trois rates domestiques chez moi, ont déjà entendu ma musique...
 
Et j'ai rencontré des vieux, encore plus vieux, des qui restent donner la main sur la ferme alors qu'ils ont 70 ans, être plus tolérants que beaucoup de jeunes. 
Des qui ne se basent pas sur le nom ou la couleur de peau pour juger les gens.
Ceux-là, ils font plaisir, il mettent du baume sur la plaie que font des plus jeunes, parfois d'une vingtaine d'années, quand ils disent "on va aller à la foire pour shooter quelques enfants du soleil".
 
Un si joli nom pour une si horrible idée...
 
 

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Commentaires
P
Bravo pour cet article! Je partage ton point de vue et aussi sur les vieux qui sont souvent plus tolérants... J'adore le nom de ton blog et je découvre tes articles, je vais le feuilleter un peu.
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