30 décembre 2010. J'aime les vaches. Elles me
30 décembre 2010.
J'aime les vaches.
Elles me fascinent ; cette puissance, cette force, et ce pacifisme ! (et non pas "passivité").
Leur masse, leur taille, tellement plus importantes que les nôtres ; leurs cornes, leurs têtes, leurs pieds, et tout simplement leurs corps, qui sont des armes redoutables quand elles le décident. Et pourtant, elles s'écartent quand on leur demande, détournent la tête quand on doit les attacher au cou, et parfois même quand on leur donne à manger.
Elles se laissent manipuler, tripoter, toucher la mamelle, zone tellement "fine", précieuse, toucher le ventre, sans que leurs redoutables sabots ne volent.
Bon, il y a des exceptions ; mais la majorité apprend, se calme, et finit par faire confiance comme les autres.
J'aime les regarder, les toucher ; cette robe si douce, soyeuse, brillante, aux couleurs profondes et nuancées ; les différences de textures, en fonction des zones du corps : comme de la fourrure sous le ventre, lisse et poil raide sur l'échine et le dos, douce et fine sur les cuisses, les flancs, les épaules, et enfin, lisse, soyeuse et douce, si douce, sur la tête.
J'aime leur façon de surveiller du coin de l'oeil ce que je fais quand je les trais, l'oreille de mon côté redressée en arrière, pour dégager la vue, et l'éclat brillant de leur regard aux aguets.
Pour les plus curieuses ou affectueuses, c'est toute la tête tournée vers moi, le nez humide tendu, qui se colle à mon épaule, mon bonnet, leur souffle chaud dans mon cou pour vérifier que c'est bien moi et que je n'ai pas caché de croquettes dans mes oreilles, les oreilles orientées bien droites, intéressées.
Certaines sont plus câlines que d'autres, et tolèrent, voire demandent les caresses et gratouilles sur la tête, sous les yeux, derrière les oreilles, la base des cornes, et, comble du bonheur, le menton et la gorge, et la commissure des lèvres.
Je détaille chacun de leurs traits ; la forme de leurs yeux brillants, vifs, leurs oreilles et la façon de les mouvoir selon l'humeur, la finesse de leur mufle, le rose de leurs muqueuses, ce rose si tendre. Leurs profils, la forme de leur bouche, cet arrondi de la lèvre supérieure, tout doux.
Leurs cornes, ces ornements utiles, sont uniques pour chacune, tout comme leurs taches et leur couleur.
Je trouve ça barbare et inesthétique d'écorner les vaches (et chèvres, moutons, etc…)
Elles sont fières de leurs chefs, leurs cornes leur donnent une personnalité, une assurance et une tranquillité que n'ont pas les "mottes".
A force de les observer, j'en suis venue à les connaître.
A savoir interpréter leurs regards, les mouvements de leurs oreilles, de leur queue, les frémissements de leur peau.
J'arrive presque à prévoir leurs mouvements.
Tous les jours je me remplis les yeux de leur présence, si rassurante, maternelle, généreuse.
Je les caresse du regard, me colle à elles, autant pour les assurer de ma présence, les prévenir, et ne pas les surprendre, que pour profiter de leur chaleur, de leur énergie.
Je les gave d'amour "à distance", je les touche, toutes un peu, le dos, la croupe, les flancs, parfois, si elles sont d'accord, les épaules, l'encolure, la tête ; chaque gratouille que je peux leur faire sur le front est un présent qu'elles m'offrent, une nouvelle preuve de confiance.
Au fur et à mesure que je connais et découvre un troupeau, je peux observer l'évolution de leur attitude.
Méfiantes au début, elles se reculent vivement à mon approche, me regardent sans cesse. Puis, au fil des jours, au fil des traites, elles se rapprochent, pour finalement rester couchées même si je les touche, leur caresse la tête…
Pendant la traite, elles finissent par ne plus surveiller du tout, faisant une confiance aveugle aux mains qui les manipulent, et s'endormant contre la voisine.
Mais je préfère les vieilles étables quand même ; quand il y a deux rangées face à face, celles d'en face me regardent l'air intéressé, suivant le moindre de mes gestes avec curiosité. Et je les regarde de la même façon.
C'est on ne peut plus curieux une vache, ça vient fourrer son nez partout ! et c'est gourmand…
Tout ce que je vois, ressens, je ne peux pas vraiment le décrire ou l'expliquer ; aujourd'hui, par exemple, après presque quatre semaines à venir les soigner tous les jours, j'ai senti qu'elles m'ont acceptées ; leur attitude a imperceptiblement changé, un frisson qui a disparu quand j'arrive, je sais pas…